
Les risques psychosociaux augmentent en 2022
Selon l’information relayée par France Info, un baromètre publié par l’assureur Axa, montrerait que le taux d’absentéisme en entreprise a atteint des records en 2022 :
– 44% des salariés qui se sont absentés au moins un jour, contre 30% en 2019.
Cette tendance à la hausse serait dû notamment aux trouble psychologiques et musculosquelettiques (TMS). Les troubles psychologiques liés à un mal-être important au travail deviennent de plus en plus importants.
Pour la deuxième année consécutive, les troubles psychologiques sont la première cause d’arrêt de travail de longue durée (22,2%, soit 4 points d’augmentation par rapport à 2019), devant les TMS (21,2%).
Cela donne à réfléchir. Les risques psychosociaux sont donc à prendre en compte de manière très sérieuse.
Les professionnels qui ont beaucoup de charge mentale et émotionnelle peuvent être sujets au burnout
Les métiers en relation constante avec des publics dits fragiles ou difficiles ont aussi une charge émotionnelle importante à supporter, pouvant impacter à la longue la personne intime du professionnel. Si on ajoute à cela la charge mentale dues aux exigences qualitatives et quantitatives, des difficultés peuvent surgir, pouvant se répercuter sur l’organisation du travail et le management des équipes.
Par exemple, les professionnels de l’insertion et du socio-éducatif sont soumis à une pression constante. La pression du terrain, du public qui exige beaucoup tout en ayant du mal à tenir leurs propres engagements. La pression des employeurs et des financeurs qui demandent des comptes et posent des cadres parfois éloignés de la réalité de terrain, donc difficilement applicables. Ceci peut avoir un effet contraignant, bloquant parfois la prise d’initiative, l’autonomie et la créativité dans le travail. Et parfois la pression du management d’équipe peut devenir si compliqué qu’il affecte la reconnaissance des compétences à leur juste valeur pour le professionnel.
Ceci génère du stress, de la perte de confiance, des troubles anxieux, de la démotivation, voire de la dépression. Le mal-être au travail s’installe jusqu’à devenir invalidant.
Ainsi on peut voir apparaitre des burnout et des Brown-out mais aussi des bore-out chez ces professionnels jusque-là très compétents et investis.
Qu’est-ce que sont ces syndromes en « out » tels que le Burnout, Brown-out et Bore-out ?
Le Burnout
Bien que le terme « burnout » soit passé dans le langage courant depuis quelques années, le ministère du Travail dans son « Guide d’aide à la Prévention » le définit comme suit :
« Il qualifie à l’origine une construction sociale et scientifique apparue dans les années 1970, pour décrire l’épuisement au travail de professionnels de l’aide et du soin (…) Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout (…) se traduirait par un état d’épuisement à la fois émotionnel, physique et psychique, ressenti face à des situations de travail émotionnellement exigeantes. ». Il s’agit donc plutôt d’une sur tension qui finit par générer un épuisement. C’est ainsi qu’on peut parler de burnout professionnel mais aussi de burnout émotionnel ou de burnout sentimental. Chaque fois qu’une situation répétée provoque un épuisement profond avec des symptômes physiques et psychologiques, on peut parler de burnout.
Le Brown-out n’est pas un burnout
Concernant le Brown-out, le terme est certes moins usité mais son syndrome est malheureusement de plus en plus courant.
C’est une sensation de perte de sens dans sa mission, ses tâches à accomplir, qui peut survenir progressivement mais s’installer durablement. Selon son sens premier, cela s’apparente à une panne de courant, comme une « extinction des feux » de la motivation. On parle parfois de « dissonance éthique » qui provoque une « démission intérieure ».
Le burnout est une surcharge qui finit par faire disjoncter le système nerveux, le Brown-out est lui un manque de tension du fait de l’absence de la perte de sens.
La pression, les horaires, la compétitivité intense, la peur du chômage et la diminution des ressources sont autant de facteurs qui contribuent à l’épuisement professionnel. Les tâches administratives technologies numériques, qui ont transformé notre façon de travailler et qui ont créé une culture de disponibilité permanente, jouent également un rôle dans cette dégradation des ressentis des conditions de travail.
Le Bore-out n’est pas non plus un burnout
Le Bore-out survient lorsque le professionnel a l’impression que ses compétences sont sous-estimées ou sous-exploitées. Il a la sensation de tourner au ralenti par rapport à ses capacités, et peut perdre ainsi progressivement tout intérêt à sa mission.
Ces trois symptômes du « out », sont proches malgré tout et peuvent se superposer.
C’est pour cela que très souvent on utilise le terme générique de « Burnout » pour qualifier tous ces syndromes en « out » qui sont devenus des risques psychosociaux majeurs en entreprise.
Comment savoir si le burnout vous guette ?
Voici quelques symptômes :
- Tension nerveuse, Stress et anxiété
- Fatigue, épuisement moral et physique intense
- Perte d’envie, absence de motivation
- Tristesse, doute, remise en question, sensation d’impasse ou d’insupportabilité croissante
- Perte de confiance en soi et dans l’institution ou entreprise
- Ennui ou révolte et agressivité
Ne pas attendre !
Il n’est pas nécessaire de cocher toutes les cases pour prendre soin de soi et aller chercher du soutien si on se sent proche d’un burnout !
Au contraire, plus tôt vous prenez le taureau par les cornes, moins les dommages impacteront votre personne.
Quelques exemples
– Une assistante dentaire a vécu plusieurs années prise en sandwich entre un orthodontiste perfectionniste et irritable, et une patientèle d’adolescents et d’enfants peu disciplinés avec des parents exigeants et parfois menaçants.
Sous cette pression constante, elle finit par faire des erreurs qui lui sont fortement reprochées. Elle a l’impression que son cerveau ralentit, elle doute d’elle-même, elle craint pour son poste. Elle culpabilise et décide de faire plus d’heures pour revérifier son travail. Elle couvre dans le même temps une jeune collègue qui démarre dans le métier et tente de la protéger des foudres. Elle « craque » un matin : elle ne peut s’arrêter de pleurer; burnout. Elle mettra un mois avant de pouvoir se lever de son lit sans vertiges, dix mois avant de pouvoir reprendre un poste.
– Une conseillère en insertion très impliquée dans sa mission auprès des jeunes précaires, va au travail depuis quelques temps avec une sensation de « vase plein ». Son expression du moment était « n’en jetez plus » ! De plus en plus vulnérable face à des situations humaines et sociales inextricables, elle s’est sentie dépassée, envahie, atteinte dans sa personne. Elle alterne un comportement joyeux surjoué et des moments de repli. Une extrême fatigue avec des symptômes musculaires variés ainsi qu’une perte de poids la font consulter. Le médecin la met tout de suite en arrêt pour burnout. Elle dira par la suite qu’elle n’avait même plus assez de lucidité et de force mentale pour prendre la décision de s’arrêter.
Prévenir les risques psychosociaux
A l’heure où l’on manque de professionnels de santé ou de professeurs dans les collèges et lycées, à l’heure où l’on déplore des arrêts maladies pour burnout, il est temps de se pencher très sérieusement sur les difficultés que rencontrent tous les professionnels en contact avec du public.
La question de l’équilibre personnel impacte fortement la qualité du travail. Et l’inverse est vrai ; la qualité du cadre de travail impacte favorablement la santé des professionnels. On peut bien entendu parler des qualités de management qui peuvent favoriser ou pas le bien-être au travail.
Mais la prise en compte actuelle des risques psychosociaux est-elle suffisante aujourd’hui ?
Que fera-t-on quand on ne trouvera plus personne pour accompagner les publics fragiles, enseigner les jeunes générations, soigner les malades ?
On peut sans aucun doute faire mieux !
Trop souvent encore, on va accuser la personne qui se trouve en situation de burnout, d’un manque d’organisation ou de leadership ou de motivation… ou d’une fragilité personnelle.
Ce sont peut-être les effets visibles de quelque chose qui n’est pas observable de prime abord. Accuser l’individu est plus facile que d’observer le contexte de travail, mais aussi les récurrences, les effets de répétitions.
Car c’est la répétition d’une cause, même minime, qui finit par user et créer des effets négatifs voire désastreux comme le burnout.
La prévention des risques psychosociaux est donc le maitre mot.
Les espace de partage entre professionnels pour lutter contre le burnout et les risques psychosociaux
Il est important de permettre aux équipes d’avoir des temps de décompression, mais aussi des temps de partage et d’échange sur leur travail, sur les valeurs défendues par leur entreprise, sur le sens des tâches et le sens de leurs missions.
Important aussi dans le travail social de pouvoir partager sur sa propre pratique, afin de briser la solitude du professionnel qui accompagne les publics dits fragiles. Mettre des mots, comprendre les enjeux, trouver ou retrouver son équilibre, redonner du sens. C’est ce que l’Analyse de la Pratique favorise.
Quoi faire lorsque le Burnout est installé ?
Bien sûr, il faut consulter un médecin, surtout si les symptômes physiques surgissent. Il est important de permettre au système nerveux de retrouver un équilibre par une prise en charge médicale.
Parfois, les symptômes physiques ne sont pas si perceptibles. Il s’agit plutôt d’un super mal-être, avec des causes que vous pouvez identifier, mais parfois, cela semble « sans cause ». Il faut malgré tout consulter.
Lorsque le traitement pour rétablir les fonctions vitales et nerveuses dans un meilleur équilibre est fait, on peut se pencher sérieusement sur une meilleure connexion à soi, repérer ses véritables besoins, observer et changer éventuellement sa posture ou ses habitudes pour gagner en confiance et liberté.
Il n’y a pas de remèdes miracles, ni de guérisseur magicien qui pourront en un clin d’œil vous remettre sur pied.
Il s’agit d’un processus de reconstruction, fait d’observation, de prises de conscience successives, de petits pas et de persévérance. Mais chacun de ces pas est un acquit qui ne s’efface pas, et qui sert ensuite pour toute la vie, qu’elle soit professionnelle ou personnelle d’ailleurs.
Mon approche du risque de burnout
J’ai été pendant plus de 20 ans conseillère en Mission Locale.
J’interviens actuellement encore en Mission Locale auprès des équipes, en Analyse de la Pratique.
Je vois à quel point ces professionnels pour la plupart impliqués et sincères, traversent de multiples micro-souffrances d’incompréhension, d’impuissance, de blessures émotionnelles qui peuvent lézarder à terme la confiance en leurs capacités et fracturer une partie de leur être intime, leur identité personnelle.
Ceci est très dommageable. Car ces métiers du contact, de la relation, sont efficaces et puissants justement parce que l’humain qui est derrière la fonction est bien présent, bien incarné.
Un coaching de consolidation ou de reconstruction pour prévenir ou sortir du burnout
J’ai à cœur de pouvoir préserver cette richesse humaine dans les métiers de l’insertion et du socio-éducatif, ou encore du service à la personne et du para médical.
C’est pour moi une nécessité urgente !
M’appuyant sur ma connaissance du terrain de l’insertion, sur ma formation de Praticienne de la Relation d’Aide et sur ma formation d’Intervenante en Analyse de la Pratique, je propose un accompagnement pas à pas, bienveillant et outillant.
J’utilise des outils de médiation variés, alliant introspection douce par la symbolisation et la créativité, mais aussi la gestion du stress avec des techniques issues des approches énergétiques. Une mise en mouvement progressive vers le changement, autour de mini réalisations, ancre et valide les capacités, les compétences et l’estime de soi.
J’aborde aussi certains fondamentaux de la pratique professionnelle, en proposant des clés de compréhension provenant des approches humanistes, systémiques et comportementalistes.